Moualla, c’est avant tout, la « passion » de peindre, une passion ressentie par l’artiste comme une brûlure permanente de l’âme. Moualla, c’est l’acte de peinture, conçu comme une création nécessaire et ultime, sans cesse répétée, et seule justification de l’existence.
Moualla n’existait que pour ces instants fulgurants, où sa peinture, qui était formée avant même que d’être exprimée par son pinceau, venait enfin exploser et se libérer sur les misérables bouts de papier qui lui servaient de support. Moualla ne fit jamais aucune concession aux normes préétablies, tellement la vérité de ses couleurs ne pouvait supporter aucun encadrement ou contrainte.
Moualla, pour qui l’alcool ou les épisodes de folie apparente n’étaient que les contrecoups de cette horrible confrontation à la réalité insoutenable des formes qu’il savait découvrir, était condamné à brûler de la lumière qu’il savait trouver au bout de ses doigts. Moualla, qui bradait souvent ses gouaches en échange d’un ou de deux euros actuels, enrichissait et renforçait son art au fur et à mesure qu’il sombrait dans le dénuement matériel et psychique.
Plus de quarante années après sa disparition, un livre lui est enfin consacré en français, qui permettra d’avoir quelques repères sur cet artiste longtemps considéré comme le dernier des « peintres maudits ».
Kerem TOPUZ |